Ecriture inclusive et personnes en situation de handicap

 

Il y a quelques semaines, le 23 février 2021, une proposition de loi vise à interdire l’usage de l’écriture inclusive dans les documents administratifs : Proposition de loi nº 3922 portant interdiction de l’usage de l’écriture inclusive pour les personnes morales en charge d’une mission de service public.

 

Quelle est la position du CNH ?

 

Sur ce sujet il y deux aspects, le point de vue philosophique et le bon sens. Nous retiendrons ce dernier pour notre propos.

L’égalité hommes/femmes, qui a bien entendu toute sa légitimité, ne peut à notre avis se transposer à l’écriture qui relève d’un tout autre sujet. 

 

En effet, chacun peut constater au quotidien que nombre de nos concitoyens sont en situation de handicap vis-à-vis du français et les données de l’enseignement alimentent ce constat. L’écriture inclusive complexifie la lecture du message et donc sa compréhension, que l’on soit une personne handicapée ou non. 

 

Depuis plusieurs dizaines de décennies est développé le concept dont est issue la méthode « Facile à Lire et à Comprendre (FALC) », méthode justement destinée à simplifier le français écrit et ainsi rendre la lecture plus accessible pour tout un chacun qui en a besoin, personnes handicapées ou non, méthode dont l’utilisation par l’administration ou le secteur privé est en constante progression. De fait, l’écriture inclusive vient contrarier les initiatives prises pour rendre notre société plus accessible.

 

Concernant les personnes handicapées il serait inopportun de considérer qu’elles sont automatiquement toutes en situation de handicap vis-à-vis du français, même si quelques handicaps ont sans aucun doute un impact, la majorité des personnes reconnues handicapées n’ont aucune difficulté avec le français.

 

En conclusion, sans parler du résultat de l’écriture inclusive restituée par une plage braille ou un logiciel de vocalisation, souhaiter une société inclusive pour les personnes handicapées nous apparaît tout à fait approprié, souhaiter une écriture inclusive pour notre société plurielle nous apparaît tout à fait inapproprié et discriminante.

 

 

Quelle est la position des deux principales institutions concernées ?

 

Le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes se positionne ouvertement en faveur de l’écriture inclusive à partir de 2015. 

 

À l’inverse, l’Académie française fait partie des détracteurs de ce qu’elle considère comme un « péril mortel » pour la langue française.

 

 

Zoom sur l’écriture inclusive...

 

Qu’est-ce que l’écriture inclusive ?

 

On appelle écriture inclusive un ensemble de principes dans l’écriture qui visent à une représentation égale des hommes et des femmes. L’écriture inclusive est une pratique militante qui cherche à se défaire de certaines règles de la langue, comme le fait que le masculin soit le genre non marqué, le genre par défaut.

 

En quoi consiste-t-elle précisément ?

 

Il y a plusieurs grands principes dans l’écriture inclusive :

 

- La féminisation systématique des noms de métiers. 

Exemple : Madame la Ministre et non Madame le Ministre, une écrivaine et non un écrivain pour désigner une femme.

 

- Faire apparaître à la fois le masculin et le féminin quand on se réfère à un groupe mixte ou à une personne dont on ignore le genre. 

Pour cela, on juxtapose la flexion féminine à la flexion masculine à l’aide de points médians. 

Exemple : les étudiant·e·s, les électeur·rice·s.

Le point médian n’étant pas toujours facile à taper au clavier, il est parfois remplacé par un point normal. Le trait d’union et les parenthèses sont aussi utilisés dans ce rôle, mais les plus militants considèrent que le trait d’union sous-entend un lien de dépendance et que la parenthèse sous-entend une infériorité.

 

- Les accords grammaticaux avec l’accord de proximité et l’accord selon le sens. 

L’accord de proximité, c’est le fait d’accorder un mot en genre avec le nom le plus proche dans la phrase : les hommes et les femmes sont belles. 

L’accord selon le sens consiste à accorder un mot au féminin s’il se rapporte à un groupe avec une majorité de femmes et à l’accorder au masculin s’il qualifie un groupe avec une majorité d’hommes.

 

- Ne plus utiliser le terme les hommes pour désigner l’espèce humaine.

Avoir recours à des termes plus universels comme les humains.